Julien Brun : « Personne ne nous enlèvera notre médaille »
Championnat du monde par équipes messieurs au Cornelia Golf Club et à l’Antalya Golf Club
S’il avait pratiqué un sport d’équipe, il aurait été un merveilleux capitaine pour ses partenaires, attentionné, humble, discret au point de toujours s’effacer derrière le collectif.
N°8 mondial, n°1 français, leader de cette sélection française alignée au championnat du monde, quatrième du tournoi en individuel grâce à un dernier tour en 65 (- 6) avec un aller bouclé en 29 (quatre birdies et un eagle) sous les yeux admiratifs de Bill Montigel, son coach à TCU, Julien Brun n’a cessé de parler de ses équipiers et amis Paul Barjon et Édouard España, de son capitaine Fabrice Stoléar, du staff mais jamais de lui ni de sa performance personnelle.
Il n’a pas cherché à réécrire l’histoire de sa première participation au championnat du monde. Surtout pas. Après une nuit très courte (il a quitté l’hôtel hier matin à 4h15),il savoure encore la joie d’être monter sur le podium : « Cette médaille de bronze, on l’a et personne ne nous l’enlèvera, lance-t-il. Nous avons répondu aux attentes placées en nous. »
Et pourtant, les Français (et tous les autres participants à cette édition turque) ont vécu un tournoi plein d’imprévus : « C’est le plus bizarre que j’ai jamais joué, confirme « Bruno ». Nous étions partis pour disputer 72 trous, nous n’en avons effectué que 54. Après le premier tour, nous avons dû attendre trente heures pour commencer le deuxième, interrompu par la nuit au bout de trois trous. Le lendemain, j’ai redémarré du 4 pour mes quinze derniers sur le Nick Faldo Course. Puis, une heure et demie plus tard, je suis reparti pour un dernier tour sur le PGA Sultan Golf Course. Nous sommes allés de surprise en surprise. »
La victoire des Américains n’en a pas été une pour lui : « Ils étaient les favoris, affirme-t-il. Chris Williams (n°1 mondial), Justin Thomas (n°3) et Steven Fox (vainqueur de l’US Amateur) ont évolué à leur niveau et même un peu mieux. Tous les trois se sont classés dans le top 10 en envoyant – 24 au final. La première place du Mexicain (Sebastian Vasquez, 58e mondial, – 15) démontre que le niveau amateur s’est beaucoup amélioré au cours des dernières années et que, un peu comme chez les pros où il y a eu seize vainqueurs différents sur les Majeur, tout le monde peut gagner. Face à tous ces adversaires et dans les conditions de déroulement de la compétition, décrocher la médaille de bronze constitue une belle performance. Avec Paul et Édouard, nous avons été complémentaires, soudés après tout ce que nous avons vécu ensemble, aux Arcs et ailleurs. Nous avons aussi été pros du début à la fin dans tout ce que nous avons entrepris. Nous ne nous sommes pas troués. »
Car, comme il se plaît à le rappeler, le championnat aurait pu capoter pour eux lors de la seconde partie du deuxième tour : « J’ai bien joué pendant douze trous mais en loupant de nombreuses occasions de birdies, explique-t-il. Ces échecs ont engendré une frustration. J’ai pris un bogey au 13 après une mise en jeu à peine dans le rough avec une balle très mal «liée» et un putt de 2m raté pour par. Puis mon seul mauvais coup au 14 m’a coûté un double. Après cet enchaînement pourri, j’aurais pu envoyer en cul. Mais, j’ai planté deux birdies pour finir dans le par tandis qu’Édouard en alignait trois sur les cinq derniers trous. A quoi tiens une médaille ? A peu de choses. Si « Paña » ne les met pas ces trois-là et moi, les deux miens, nous pouvons nous retrouver distancés. Nous nous en sommes bien sortis. »
Peu de temps après, Julien Brun a signé son 65 en ayant évacué toute la frustration du matin.
Son seul petit regret, leur faiblesse au petit jeu : « Avec un meilleur chipping, nous aurions pu titiller les Mexicains et même les Américains avec un peu plus de réussite. »
Les Français ont compensé par d’énormes ressources morales qui leur ont évité une catastrophe et une cruelle désillusion à la fin du deuxième tour.
Et, en guise de conclusion, Julien a évoqué le proche avenir de son ami Édouard España : « Il passera pro sur une bonne note. » Avec « Bruno », c’est toujours les amis d’abord.
Une page se tourne. Julien Brun s’envolera cet après-midi pour le Texas. Il va devoir rattraper ses cours, passer des tests avant de repartir pour d’autres aventures golfiques, universitaires celles-là.