David Leadbetter : « Simplifier le golf pour retrouver le plaisir de jouer »
Depuis la création d’une académie David Leadbetter au sein de l’Albatros Golf Performance Center de Terre Blanche, David Leadbetter vient, une fois par an, passer quelques jours dans le Resort de son partenaire et ami Dietmar Hopp.
Cette année, le célèbre coach anglais, auteur de nombreux ouvrages sur le golf dont le premier publié en 1990, a dirigé deux journées de stage pour six golfeurs aux côtés d’Alain Alberti, Jean-Jacques Rivet et de leurs collaborateurs : « Cette académie dispose d’installations exceptionnelles, apprécie David Leadbetter. Si je devais établir un classement mondial, je la situerai parmi les trois premières. Tout est réuni à Terre Blanche avec le practice, les parcours, le centre Biomecaswing et l’équipe d’enseignants pour offrir aux meilleurs professionnels européens et aux amateurs des conditions optimales d’entraînement. »
Le jeune néo-pro varois Nivorn Inplad de Mattei a participé, hier, à la première session. Il a quitté Terre Blanche enchanté et avec deux ou trois recommandations du coach pour améliorer son swing avant de tenter de nouveau les cartes du circuit asiatique : « Il en a tellement vu dans sa carrière que quelques minutes lui suffisent pour analyser un swing, explique Nivorn. Après nous être présentés, nous avons été répartis par groupe. Ils nous ont filmé puis nous avons effectué une séance de Biomecaswing avec Jean-Jacques Rivet à l’issue de laquelle nous avons regardé individuellement notre vidéo. David Leadbetter m’a demandé de raccourcir ma montée, de travailler sur mon transfert et le release. L’après-midi, j’ai tapé beaucoup de balles pour mettre en pratique ses conseils. Il est vraiment ouvert et sympa. J’ai pu lui poser plein de questions auxquelles il a répondu avec simplicité. C’était une journée très instructive que nous avons terminée par une séance de putting. »
Après, un débriefing avec les six stagiaires au club-house de Terre Blanche, David Leadbetter, accompagnés d’Alain Alberti, Jean-Jacques Rivet et Jean-Marie Casella, le directeur du golf, a accepté d’évoquer quelques sujets à commencer par sa philosophie du golf : « Je déteste parler de méthode, précise-t-il. Le terme me semble trop réducteur et il sous-entend une uniformisation des swings. Or, ils sont tous différents les uns des autres. Il n’y en a pas deux qui se ressemblent. Certains ont vu des similitudes entre ceux de Tiger Woods et d’Adam Scott. Mais, ils ont aussi de nombreuses différences. D’ailleurs, mieux vaut ne pas essayer de copier le swing des meilleurs car c’est impossible et ça tourne souvent au désastre. Ma philosophie du golf n’a pas changé mais, elle a évolué avec le temps. Il y a trente ans, elle était assez révolutionnaire. Depuis tout a progressé : le matériel, les parcours, la technologie et les golfeurs eux-mêmes devenus de véritables athlètes. Pourtant, l’enseignement s’est peu modifié. Mon approche est flexible. Je n’enseigne pas la même chose à tout le monde. »
Pour atténuer la diminution du nombre de golfeurs, David Leadbetter essaye de trouver des astuces afin de leur redonner le goût du jeu : « Ils manquent de temps et souvent d’argent pour pratiquer, poursuit-il. Et s’ils ne sont pas satisfaits de leur golf, ils arrêtent de jouer petit à petit. Il faut donc les aider à prendre du plaisir sur un parcours, à simplifier le jeu. Je crois qu’ils ont tous compris que pour progresser ils devaient taper davantage de bon coups et surtout s’amuser. »
Ayant eu l’occasion de conseiller des joueurs français, il souligne la qualité du golf en France : « Il s’appuie sur de nombreux jeunes joueurs et joueuses de talent de ses équipes, commente-t-il. Je ne les connais pas tous mais, je remarque leur nombre sur les différents circuits européens. Certains comme Victor Dubuisson et Alexander Levy ont un gros potentiel. Chez les amateurs, Julien Brun est promis à un bel avenir. Je pense que la Ryder Cup 2018 va booster le golf français. »
Celle de cette année débutera vendredi à Gleneagles en Ecosse. David Leadbetter n’y assistera pas : « Je la suivrai à la télévision, indique-t-il. Si je devais parier, je mettrai un petit billet sur l’équipe européenne. Elle est, comme toutes les précédentes, très solidaire. Les joueurs se connaissent bien. Ils fréquentent les mêmes tournois depuis leur carrière amateur. Ils pratiquent les match-play plus souvent que les Américains qui sont plutôt en mode stroke-play. Pour moi, les Européens sont favoris. Les Américains sont privés de Tiger Woods, Dustin Johnson et Jason Dufner. De plus, les hommes en forme du moment n’ont pas été retenus dans une sélection établie depuis plus d’un mois déjà. Mais, en grand capitaine, Tom Watson parviendra peut-être à les rassembler. J’ai été étonné du choix du parcours plus américain que véritablement écossais. Il aurait été préférable de combiner les deux anciens parcours de Gleneagles que d’opter pour le nouveau. »
Il attend avec impatience de voir comment se comportera Victor Dubuisson pour sa première participation à cette compétition mythique : « C’est un joueur atypique, un peu comme Bubba Watson. Il suit sa voie et joue son jeu sans se préoccuper de l’environnement autour de lui. Tous ses coups, mêmes les plus extraordinaires, semblent normaux quand il les exécute. S’il est aussi cool qu’il en a l’air, alors il sera un redoutable joueur de Ryder Cup. Il est déjà très populaire et plusieurs de ses partenaires souhaitent lui être associés. »
David Leadbetter met la dernière main à un nouveau livre auquel il travaille depuis de nombreuses années. Devant le succès remporté par son stage à Terre Blanche et la forte demande n’ayant pu être satisfaite, le « maître » de Championsgate devrait revenir l’an prochain dans le Var.