La merveilleuse semaine de Philippe Larvaron à Augusta
Emu aux larmes lorsque Romain Langasque était venu se blottir dans ses bras peu après sa victoire au British Amateur l’an dernier à Carnoustie, Philippe Larvaron a vécu de nouvelles grandes émotions à l’occasion du Masters disputé par celui qu’il considère comme son troisième fils.
Car, « coach Phiphi » est la personne qui connaît le mieux Romain Langasque, avec Marc Langasque et Florence Mus, ses parents : « J’ai créé une section de baby golf pour lui en septembre 1997 alors qu’il n’avait encore que deux ans et demi, se rappelle l’enseignant professionnel de Saint-Donat. Avec son père, nous lui avions bricolé de petits clubs. Puis, peu de temps après, il a joué avec une série d’US Kids. Il a été mon élève jusqu’à l’âge de treize ans. Il suivait sa scolarité dans une section sport-études conçue à Saint-Donat. Il venait donc s’entraîner tous les après-midi. Je l’ai accompagné à deux reprises aux Etats-Unis pour disputer des tournois et à bien d’autres encore. Il a participé à sa première Gounouilhou à Moliets en 2011 avec l’équipe de Saint-Donat. »
L’entrée au Pôle Espoirs de Romain Langasque n’a pas rompu les liens quasi-filiaux avec Philippe Larvaron. Ce dernier a continué à suivre la progression de son « petit » année après année, victoire après victoire.
Ami de la famille depuis plus de vingt ans, il était donc du voyage en Géorgie, la semaine dernière : « Je ne pensais jamais mettre les pieds à Augusta car il est impossible de se procurer des places, confie Philippe Larvaron. Romain m’a donné l’opportunité de découvrir ce lieu grandiose. Quand j’ai débarqué mardi dernier, j’en ai pris plein les yeux. Tout est fantastique. Du parcours au practice en passant par le club-house et le compact, c’est exceptionnel. De sa partie d’entraînement du mardi jusqu’à son dernier tour, je n’ai pas loupé un de ses coups. Je l’ai suivi partout et ce, malgré une foule considérable, plus nombreuse encore lors des journées de reconnaissance. Il devait y avoir 80 000 personnes. C’est inimaginable. Le mercredi, pour le concours de par 3, les spectateurs étaient massés sur tous les départs et autour de tous les greens. Il régnait une ambiance de folie. De plus, Romain jouait en compagnie de Victor (Dubuisson) juste derrière la partie de Jordan Spieth, Ricky Fowler et Justin Thomas. Quand Ricky et Justin ont réussi leur trou en un au 4, une formidable ovation s’est élevée. »
Un petit jeu exceptionnel au premier tour
Romain Langasque a signé une carte de 74 à l’issue de son premier tour : « Il a évité le pire en enchaînant dix fois chip-putt au cours de sa partie, précise Philippe Larvaron. Il n’a pris que vingt-six putts. Son petit jeu a été hallucinant. Il a été félicité par Bernhard Langer. A la télévision, on n’imagine pas la difficulté des greens d’Augusta, leur rapidité et leurs multiples pentes. »
« Le vendredi, Romain s’est montré plus agressif sur les conseils de Benoît (Ducoulombier). Il a mieux tapé la balle. Il a réalisé un eagle au 15 grâce à un coup de sandwedge magique. Une immense clameur est montée des tribunes. Cet eagle lui a donné une marge par rapport au cut. Heureusement car il n’a pas bien fini avec deux bogeys au 16 et au 17. Mais, avec ce 73, il a passé le cut (150). »
« Le troisième tour a été dantesque car le vent a forci. De plus, il n’a pas eu de réussite comme au 7 ou au 12. Il a tapé de fabuleux coups de fer mais, il a pris le haut de la lèvre des bunkers à chaque fois et il s’est même retrouvé pluggé au 12. C’était usant et il a concédé beaucoup de bogeys. Je n’avais jamais assisté à un tour aussi difficile à cause du vent tourbillonnant mais, également des positions de drapeau. Pourtant, il a gardé son calme. Il n’a eu aucun geste de mauvaise humeur. Il a terminé épuisé. Mais, il a une capacité de récupération phénoménale. Après une bonne nuit de sommeil, il était frais comme un gardon le lendemain matin alors que bon nombre de joueurs, après un 83, n’aurait pas fermé l’œil de la nuit. »
Une énorme fin de quatrième tour
« Le dimanche, son petit jeu l’a bien aidé sur les neuf premiers trous (+ 1). Il a réussi cinq fois chip-putt. Puis, à partir du 10, il n’a plus loupé un coup. Avec un peu plus de réussite au putting, il aurait pu scorer – 8 voire mieux sur les neuf derniers. Il avait le jeu pour. Il a totalisé cinq birdies (10, 14, 15, 16 et 18) mais, au 11, sa balle a failli pitcher dans le trou. Au 12, il a attaqué le drapeau mais, n’a pas rentré le putt. Au 13, il a loupé un putt de trois mètres pour le birdie après un superbe coup d’hybride depuis les arbres de droite. Au 15, il a putté pour eagle à trois mètres mais, son putt n’est pas tombé. Il a boîté le chip du 16 et son long putt du 17, près de vingt mètres, s’est arrêté à deux centimètres du trou. J’étais aux anges. Cette fin de partie était énorme. Nous avons déjeuné ensemble dans le restaurant des joueurs entourés par de grands champions. Il ne pouvait rêver plus belle dernière journée chez les amateurs. »
Professionnel depuis hier, Romain Langasque va entamer une nouvelle vie avec un premier tournoi (avec ce statut pro) en Egypte, le Red Sea Egyptian Challenge. Philippe Larvaron continuera à suivre ses performances à distance avec l’espoir de retourner un jour à Augusta pour revivre une nouvelle semaine à ses côtés.